de hand devant le pénalty !
Il faut aimer:
Être enfermé dans une cage de 3 mètres sur 2 et recevoir pendant 60 minutes des projectiles lancés à forte vitesse, les ramasser puis les renvoyer pour que cela recommence, il faut aimer.
Il faut aussi aimer le bus, faire un trajet de 13 heures pour aller à Toulouse, repartir dans la nuit pour rejoindre Sélestat, il faut aimer.
Radek Motlik aime. Ce joli bébé de 100 kilos trouve des envolées de flamant rose pour contrer les obus que lui balancent des attaquants propulsés à des vitesses qui, ailleurs, relèveraient de l'attaque à main armée.
Mais non, au handball, c’est normal, et puis, ce Toulouse-Sélestat, c’est pour les Alsaciens, le premier match de la saison, alors Radek à faim.
Dans les cours de récréation, le gardien de but, c’est souvent la brelle, le naze que personne ne veut, quand on tire à paille-foin, la composition des équipes, les capitaines, optent souvent pour le plus gros, parce qu’il est incapable de courir, et parce qu’il obstrue un peu mieux la cage.
C’est la place du condamné.
Radek Motlik, après un but encaissé Photo: DR
Le haut niveau donne à ce poste ses lettres de noblesse et Radek prouve dès l’entame combien le gardien de but pèse sur le match. En contrant un penalty à la première minute, il met son équipe dans le sens du vent. En 5 minute, il réussit 3 arrêts explosifs. À la sixième, Sélestat mène 6 à 1 et l’entraîneur toulousain demande un temps mort.
La défense locale ne répond pas, le verrou saute, offrant des couloirs à des adversaires qui n’en demandent pas tant. Alors, Fabien Arriuberge, le portier toulousain s’énerve, invective ses arrières et prend un but.
Dans la cage opposée, Motlik offre son corps à la cause. Du pied, de la main, du torse, il bloque, arrête, détourne. À 15 reprises, il mettra en échec les tentatives toulousaines, offrant des balles de contre dévastatrices. 32 fois, il ira chercher la balle au fond de ses filets et Radek n’aime pas ça. Chaque but encaissé est une souffrance, il joint les mains, lève les yeux au ciel, grimace et souffre et retrouve au bout du compte le sourire quand son équipe l’emporte par 3 buts d’écart.
Après le match, Claude Onesta, entraîneur doré de l’équipe de France de Hand se prête avec une disponibilité confondante au jeu des autographes, des photos avec la petite sœur et la grande copine. On s’en veut de lui demander encore un peu de son temps, mais il s’exécute dans un sourire : c’est le revers de la médaille.
«La performance du gardien met l’équipe en confiance et fait douter l’adversaire explique Onesta, En Chine, Thierry Omeyer à fait un parcours exceptionnel, on ne peut pas gagner une grande compétition sans un grand gardien».
Du haut de son mètre quatre vingt quinze et de ses 18 ans, Wesley Pardin, l’autre gardien du Toulouse Handball, pose un regard amusé sur sa vocation de gardien de but : «C’est inné, on se fait mal, on prend des coups mais c’est un boulot à part, tout part du gardien pour lui revenir, c’est un poste essentiel».
Radek Motlik reste modeste quand on lui dit qu’il a fait gagner son équipe mais son sourire en dit plus long que ses discours. Adossé à la porte du bus qui va le ramener en Alsace, il fume clope sur clope.
Un peu de goudron, avant le macadam.
FREDERIC ARROU
(source: LibéToulouse)