Les « Violets » ont encouragé leur équipe jusqu'au bout, mais cela n'a pas suffi. Sélestat s'est incliné hier en demi-finale de la Coupe de France face à Paris. Récit d'une journée pas comme les autres pour les supporters sélestadiens.
Fallait-il y voir un signe ? Mercredi, Jean-Claude Neubrand, le président des « Violets », le club de supporters du Sélestat Alsace handball, a chuté et s'est fissuré le bassin. « Normalement, je devrais être couché, mais hors de question de manquer la demi-finale », sourit-il, béquille à la main, avant d'embarquer dans le bus. Il est 13h45 au Cosec Eugène-Griesmar et le premier des deux bus prévus pour Mulhouse est déjà là. Les supporters ont chargé le matériel dans la soute. Édith, liste à la main, vérifie si tout le monde est présent. Lentement, les supporters prennent place à bord du car scolaire affrété pour l'occasion. Tous, ou presque, ont revêtu le tee-shirt collector créé pour la demi-finale. A 14h10, à peine en retard, le bus peut décoller, direction le palais des sports de Mulhouse. Cinq minutes après, premier coup de sifflet du président. « Sitôt arrivés, on vous distribuera les « tape-tape ». Et on veut vous entendre du début à la fin .» « Ben, comme d'hab, quoi », répond une supportrice. Le ton est donné.
« Si l'un d'entre vous n'est pas en violet, il reste dans le bus »
Le début du voyage se déroule paisiblement : on discute, on plaisante, on fait des photos-souvenirs. Les plus jeunes ont apporté des cartes pour se distraire. A 15km de Mulhouse, les premiers « Violets ! Violets ! » se font entendre, encore timides. Puis le bus se fait doubler par une voiture d'où surgit, par la fenêtre, une écharpe aux couleurs du club. Un énorme « Ouais ! ! ! » résonne dans le bus. A quelques minutes de l'arrivée, une supportrice lance : « Il faut s'échauffer, sinon on va être aphones .» Les « Violets ! Violets ! !» reprennent, un peu plus consistants cette fois. Et ce sont Aline, 12 ans, Coralie, 10 ans, et Maryline, 7 ans, qui donne le la. A 15h10, le bus se gare sur le parking du palais des sports. « Que ceux qui ne sont pas encore habillés le fassent. Si l'un d'entre vous n'est pas en violet, il reste dans le bus », menace une voix. Les retardataires s'exécutent. Quelques minutes plus tard, le palais des sports, encore clairsemé, est soudainement illuminé par un rayon ultra violet ! Les supporters sélestadiens prennent place dans une des tribunes latérales. Une fois n'est pas coutume, pour cette rencontre exceptionnelle, la cigogne, mascotte du club, a fait le déplacement. Il faut dire qu'à vol d'oiseau, Mulhouse n'est vraiment pas loin. Le temps d'installer la grosse caisse, de chausser les tape-tape et de revêtir les perruques, les voilà partis. Les premiers encouragements retentissent dans les travées du palais des sports. Un hommage est même rendu par les Violets à la quarantaine de supporters montpelliérains qui ont fait le déplacement pour le match suivant. Soudain, le speaker de la salle prend la parole et appelle, un à un, les protagonistes de la rencontre. L'arrivée sur le parquet de chaque joueur sélestadien est bruyamment acclamée par les supporters. Le match peut démarrer. Au premier but de Sélestat, les supporters exultent et les encouragements repartent de plus belle. Quant à la première faute sur Baptiste Butto, elle est saluée par une salve de « Ouh ! » autant à l'encontre du joueur fautif que de l'arbitre, pour n'avoir pas suffisamment sévi. Les minutes passent et sur le terrain, Sélestat est à la peine. Après 20 minutes de jeu, Laurence est plutôt anxieuse. « C'est pas terrible. Ils sont pas dans le match là. Je ne sais pas s'ils ont peur... » Finalement, Sélestat rentre aux vestiaires avec un débours de huit buts à la mi-temps.
Une victoire sans partage à «l'encouragemètre»
La partie reprend. Sélestat joue un peu mieux mais reste assez loin derrière. Pourtant, les encouragements ne cessent pas. A un quart d'heure de la fin, les Sélestadiens sont toujours à huit buts. Laurence secoue la tête : « Je suis déçue. Là, c'est foutu. » Six minutes plus tard, Sélestat est revenu à quatre longueurs des Parisiens. Les Violets, en net regain de forme, se sont levés comme un seul homme pour appuyer leur équipe. L'euphorie dont semblent atteints les joueurs alsaciens gagne à son tour les tribunes du palais des sports. Le final est bouillant. Deux buts de retard à quatre minutes du terme. Laurence a retrouvé le sourire et tape dans ses mains à l'instar de ses camarades. C'est désormais « Tous ensemble » et debout qu'ils terminent le match. Les dernières minutes sont insoutenables, les applaudissements redoublent de vigueur. Malheureusement, Sélestat ne reviendra pas. Les supporters sont déçus, forcément. Le voyage en bus sera un peu plus long qu'à l'aller. Mais à «l'encouragemètre», ce sont eux qui ont gagné.
Merci à Florent Estivals
de Dna du 26/04/08