L'association "14" milite et informe par la voix de Pascal Candau sur un phénomène qui devient un problème de santé publique. D'où l'indispensable prévention.
Créer l’association “14”, pour combattre la mort subite, fut-il une évidence ?
Après la mort de mon fils Maxime sur le terrain en 2009, les jeunes du hand ont monté un blog. En huit jours, il y a eu 25 000 soutiens ! J’ai donc créé l’association “14”, numéro que portait Maxime. Et j’ai appris que ce phénomène est identifié dans 90 % des cas. Que des mesures préventives existent, non appliquées depuis des années.
D’où les dix règles d’or ?
L’association “14” a édicté, avec un groupe de cardiologues, dix règles d’or à respecter avant, pendant et après la pratique sportive. Et ce, quel que soit le niveau de l’athlète. Il est possible pour les municipalités et les clubs de se procurer des affiches révélant ces précieuses règles afin de les placarder dans toutes les structures sportives.
Les fédérations jouent le jeu ?
À part les fédérations de hand et de rugby, les autres ne font pas de prévention particulière... À croire que la mort subite ne les concerne pas.
"L’activité loisir est la plus touchée"
Le sport de haut niveau n’est quand même pas le plus touché...
Les accidents sont plus fréquents dans l’activité de loisir, c’est une question d’âge. On constate un pic d’accidents à 46 ans, des hommes en majorité. Tous ces cas imposent l’urgence d’une réflexion commune. Nous n’avons pas toutes les réponses mais on peut, au moins, poser les bonnes questions.
La sensibilisation à la mort subite passe par les jeunes. L’Éducation nationale vous soutient-elle ?
Le ministre Luc Chatel a donné son accord pour que des affiches soient étendues dans 8 000 collèges et lycées. C’est une grosse avancée. Par ailleurs, nos dix règles d’or sont diffusées par Hachette dans certains manuels scolaires. Y’en a ras-le-bol de voir des gens “crever” en pratiquant leur passion.
L’organisation du sport en France n’est-elle pas à revoir ?
Vaste chantier. Il faut modifier les conditions d’obtention du certificat médical d’aptitude à la pratique du sport. Le ministère des Sports doit proposer des formulaires types à l’ensemble des fédérations, avec obligation pour le médecin consultant de pratiquer certains tests. Ces certificats devront être signés par celui-ci mais également par le patient. Par ailleurs, davantage de personnes devraient être formées à l’utilisation des défibrillateurs. Et puis, il s’agit de rendre obligatoire l’électrocardiogramme. En Italie, l’ECG est obligatoire tous les deux ans, dès l’âge de 12 ans. La mortalité a baissé de 80 %.
Maxime s’effondra...
Maxime Candau était un jeune joueur de handball, dans le club de Saint-Raphaël, au Pôle espoirs à Nice et en équipe de France, dont il était capitaine chez les moins de 18 ans. Certains le comparaient à Nikola Karabatic. Le 30 mars 2009, il jouait un tournoi international à Vénissieux. Son père Pascal raconte : « Tandis qu’il retournait en défense,
Maxime s’est senti mal. Sans signe avant-coureur, il est tombé, on ne l’a pas ramené. Il n’avait aucun antécédent... La mort subite est le meurtre de la confiance. » Maxime Candau portait le numéro 14, d’où le nom de l’association.
DIX RÈGLES D’OR
Dix règles de précaution fixées par l’association “14”.
1. Signaler à son médecin toute douleur dans la poitrine ou essoufflement anormal à l’effort.
2. Signaler toute palpitation cardiaque à l’effort ou juste après.
3. Informer tout malaise survenant à l’effort ou juste après.
4. Respecter un échauffement et une récupération de dix minutes.
5. Boire souvent de l’eau à l’entraînement et en compétition.
6. Éviter les activités intenses par des températures inférieures à 5° C ou supérieures à 30° C et lors des pics de pollution.
7. Ne pas fumer une heure avant, ni 2 heures après une pratique sportive.
8. Ne pas consommer de substance dopante et éviter l’automédication.
9. Pas de sport intense avec de la fièvre, ni dans les 8 jours qui suivent un épisode grippal.
10. Pratiquer un bilan médical avant de reprendre une activité sportive intense à plus de 35 ans pour les hommes et 45 ans pour les femmes.
LE CHIFFRE : 1 300
C’est en estimation, le nombre de décès constatés, chaque année, sur les terrains de sport (mort subite). Plus précisément, le professeur François Carré, spécialiste en physiologie cardio-vasculaire, ancien président des cardiologues du sport, table sur une fourchette basse allant de 1 300 à 1 500 décès et une haute de 1 500 à 1 800.
Contact : www.numero-14.org.
Source Midi Libre