Après Besançon: Beretta, le coup gagnant
Si l’on excepte les quatre-vingts fans du SAHB qui avait fait le déplacement en octobre dernier du côté du Palais des sports de Besançon, le public du Complexe Sportif Intercommunal (CSI) a découvert samedi soir un nouveau visage dans un maillot violet. Un jeune joueur qui arborait le numéro 7 mais dont le maillot était vierge de nom contrairement à ses illustres coéquipiers.
Mais l’inconnu s’est vite fait un nom en ouvrant le score moins d’une minute après le coup d’envoi en exploitant un joli décalage de Vlado Ostarcevic qu’il s’est appliqué depuis son aile gauche à mettre hors de portée de Thirion, le dernier rempart de la meilleure défense du championnat. Kevin Beretta a donc rapidement donné le ton à ses coéquipiers qui, en s’engouffrant dans son sillage, ont signé une précieuse victoire d’autant que dans le même temps, le leader Créteil tombait dans le traquenard semurois.
« Réussir cette première action a constitué un gros soulagement, s’en amuse l’intéressé qui fêtera ses 21 ans dans deux mois. Car si je ne mets pas la balle au fond, c’est totalement différent. Alors que là, au bout de trente secondes je me suis senti bien et j’ai pu m’exprimer sans complexe. »
Il visionne le match avant de le jouer
On ne sait pas s’il avait rêvé d’un tel scénario la nuit précédant la rencontre, mais toujours est-il qu’il avait vu le match avant les autres. Comment ? Au long d’une nuit où il a eu du mal à trouver le sommeil. « Je ne sais pas si beaucoup de joueurs le font, mais personnellement j’essaie de visionner le match avant la rencontre. J’essaie de voir ce que je pourrais faire. Je ne sais pas si c’est bon ou pas. Toujours est-il qu’on a chacun nos petits rituels. » Une recette gagnante pour le remplaçant de Michal Salami, souffrant, qui s’est fort bien acquitté de son intérim en marquant un deuxième but quatre minutes après son premier, terminant le match sur une excellente impression, tant visuelle, avec une lucarne dans un angle très fermé, que mathématique (4/6) et en prenant des initiatives. « Ça n’a pas toujours payé, c’est le risque. »
Cette première prestation à domicile lui a donc permis de confirmer les qualités qu’on lui avait déjà décelées lors de sa première sortie avec le groupe pro, contre le même adversaire au match aller. Jean-Luc Le Gall sait qu’il peut compter là sur un jeune joueur qui rêve de faire carrière dans le métier surtout après avoir digéré sa crise d’adolescence. « Du jour au lendemain, j’ai tout envoyé balader, alors que Jean-Luc Le Gall venait d’arriver au club et m’avait proposé de faire partie du groupe de D1, raconte ce joueur formé à Hoenheim et passé par la Robertsau. Mais j’ai tout laissé tomber. Je ne faisais que du handball (filière sport études et France jeunes) et ça m’a rendu un peu maboul. Il y a eu un ras le bol. Ça a débordé. »
Mais la crise n’a été que passagère et Kevin s’est remis au handball en Nationale 3 à Schiltigheim avant de revenir à Sélestat deux ans après son faux départ. Meilleur marqueur de la réserve en N2 où il évolue depuis le début de la saison, il ne s’entraîne avec le groupe pro que depuis le début de cette année. Raison pour laquelle, on ne le trouve pas sur le poster de l’équipe que lui ont pourtant tendu des jeunes à la sortie des vestiaires en quête d’un autographe. « J’ai signé à un endroit où il y avait une place de libre. » En attendant, qui sait, de figurer sur la photo du groupe la saison prochaine.
Christian Weibel
Source L'Alsace